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Pédagogie et vulgarisation
9/9/2022

Neutralité carbone, compensation carbone : démêler le vrai du faux

3 min. de lecture
Valérie Lerat
Consultante en développement durable
Léna Collot
Consultante en développement durable

La compensation carbone, comment ça marche ?

Il s’agit d’un mécanisme par lequel une personne, physique ou morale, contrebalance ses émissions de CO2 en finançant des projets de séquestration (par exemple planter des arbres) ou d’évitement (par exemple protéger une forêt qui allait être coupée) d’une quantité équivalente de CO2.  

Si vous souhaitez plus d’informations sur les mécanismes de compensation carbone, vous pouvez aller jeter un œil à notre article sur le sujet.  

Les différents concepts autour de la neutralité carbone

On distingue généralement 2 termes : neutralité carbone et zéro émission nette.  

D’après la Convention Cadre des Nations unies (CCNUCC) sur les changements climatiques, un individu, une organisation ou un pays (1) :

➡️ est neutre en carbone lorsqu’il a réduit autant que possible ses émissions de gaz à effet de serre et qu’il compense ses émissions restantes en achetant des crédits carbone pour des projets de séquestration ou d’évitement.

➡️atteint zéro émission nette lorsqu’il contribue à retirer de l’atmosphère autant de gaz à effet de serre qu’il a émis. Contrairement à la neutralité carbone, pour atteindre zéro émission nette, seul le financement de projets de séquestration à long terme est accepté.    

Il y a beaucoup de débats sur l’utilisation de ces termes et il n’existe pour le moment pas de définition unique mondialement reconnue.

Pour la CCNUCC, à l’échelle planétaire seul le concept de zéro émission nette peut être utilisé.

En revanche, le GIEC ((2)voir notre article sur le GIEC) ne propose pas deux définitions distinctes et considère ces deux concepts comme synonymes (3). De plus, le GIEC n’émet a priori pas d’objection au fait d’utiliser ces termes pour une entreprise, un projet ou un individu.  

L’ADEME, quant à elle, estime qu’une personne, une entreprise ou un produit ne peut se revendiquer « neutre en carbone », et que ce terme ne peut être utilisé qu’à l’échelle planétaire (4).  

Quelques exemples concrets  

Microsoft souhaite devenir neutre en carbone en 2030 (5).  


Google se présente comme neutre en carbone depuis 2007 (6).

Ces 2 entreprises utilisent le même terme, pourtant leurs situations sont bien différentes.  

Dans cette affirmation, Google prend seulement en compte ses émissions directes, qui représentent en moyenne moins de 5% du total des émissions de CO2 pour une entreprise.  

A l’inverse, Microsoft prend en compte l’intégralité de ses émissions directes et indirectes, et va même plus loin. L’entreprise souhaite devenir « carbone négative » dès 2030, c’est-à-dire contribuer à séquestrer plus de CO2 que ce qu’ils émettent chaque année.  

Pour résumer, quand une entreprise se proclame « neutre en carbone », il est important de bien comprendre ce qu’elle comptabilise dans ses calculs. Tient-elle compte de l’ensemble de ses émissions directes et indirectes, ou seulement de ses émissions directes qui représentent une partie insignifiante de son empreinte carbone ?

La compensation carbone n’est pas une solution miracle

Pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, il est primordial de réduire au maximum les quantités de gaz à effet de serre émises par les activités humaines.  

La compensation carbone est une solution de dernier recours et ne peut servir qu’à égaliser les émissions carbones résiduelles de l’entreprise, après avoir mis en place des actions pour réduire au maximum ses émissions à la source.  

Cela est d’autant plus important qu’il n’existe pour le moment pas assez de crédits carbone disponibles pour que l’ensemble des entreprises compensent leurs émissions.  

De plus, il existe une grande disparité entre les différents projets de compensation en termes de qualité. En effet, il est préférable d’investir dans un projet de séquestration qui va capturer du carbone pour plusieurs centaines d’années, que dans un projet d’évitement. Il est souvent difficile de mesurer si les projets d’évitement sont réellement additionnels, c’est-à-dire qu’ils n’auraient pas vu le jour sans les financements liés à la démarche de compensation.  

Et la compensation individuelle ?  

Un Français émet en moyenne 10 tonnes de CO2 par an. Chacun doit essayer de réduire au maximum ses émissions en changeant ses habitudes, par exemple :

➡️ En réduisant ses trajets en avion

➡️ En privilégiant les transports doux (voiture électrique, vélo, marche à pied) à la voiture thermique

➡️ En réduisant sa consommation de viande  

➡️ En isolant bien son logement  

Pour calculer votre empreinte carbone et trouver des idées d’actions pour la réduire, rdv sur nos gestes climat (7).

Et vous pouvez ensuite compenser vos émissions restantes en achetant des crédits carbone. Le prix de la tonne de carbone varie entre 20€ et 35€, ce qui revient donc à 200-350€ par an pour un Français moyen.

Pour aller plus loin :

Notre article sur la compensation carbone.

Nos sources :  

1. https://www.linkedin.com/pulse/pourquoi-les-publications-du-giec-sont-%25C3%25A0-prendre-/?trackingId=%2Bvb3DjcqIGlfHxo7%2BFyJkw%3D%3D  

2. https://unfccc.int/sites/default/files/resource/CNN%20Guidelines.pdf  

3. https://www.ipcc.ch/sr15/chapter/glossary/  

4. https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-et-energie/4524-avis-de-l-ademe-la-neutralite-carbone.html  

5. https://query.prod.cms.rt.microsoft.com/cms/api/am/binary/RE4RwfV

6. https://sustainability.google/progress/energy/  

7. https://nosgestesclimat.fr/  

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